Après la 2G, la 3G et la 4G arrive le temps de la cinquième génération des standards de téléphonie mobile - 5G- et son lot de promesses. A l’instar, des précédentes technologies qui à l’époque ont généré bien de nouveaux usages, la 5G va révolutionner le monde. Mais, aussi séduisante soit-elle, il est urgent de patienter.
Les avantages de la 5G sont nombreux, à commencer par le désengorgement des réseaux actuels qui ne sauraient tarder à arriver à saturation. En effet les fréquences disponibles ne permettront pas de répondre à l’augmentation continue du trafic de 40% par an et de l'explosion de la consommation de data.
Au-delà, d’une latence réduite, d'une meilleure connectivité et donc d’un confort d’utilisation amélioré, la 5G doit être appréhendée comme une véritable rupture technologique qui changera très certainement la face du monde. On verra se déployer une multiplication d’applications inédites, et ce, dans tous les secteurs. Dans le domaine de la santé, les médicaments connectés, la télé-chirurgie ou encore la télémédecine devraient se développer. Dans l’industrie, la 5G est très attendue afin de déployer la robotique. En termes d’automobile, on verra certainement sur les routes de plus en plus de véhicules semi-autonomes. Des applis de gestion de trafic afin de réduire la consommation de carburant et l’empreinte carbone sont aussi dans les tablettes. Dans le domaine des loisirs, nul doute que la réalité augmentée sera de mise pendant que la domotique et les objets connectés comme les réfrigérateurs intelligents envahiront les habitats. Au-delà de ces exemples, les surprises seront nombreuses car, évolutive par essence, la technologie 5G va s’enrichir au gré de la création de nouveaux usages. Il est estimé plus de 20 milliards d’objets connectés en 2025 !
Si les opérateurs ont déjà lancé des opérations marketing sous couvert d’offres 5G alléchantes, il est conseillé de ne pas céder à la tentation car cette technologie est loin d’être arrivée à maturité.
En effet, qui dit réseau 5G dit nouveaux pylônes, nouvelles antennes et nouvelles fréquences. Et c’est bien là que le bât blesse et nous invite aujourd’hui à la réserve. Nous ne sommes plus dans le virtuel où tout se fait un clic, mais bien dans la réalité du terrain.Aussi, même si en France, les opérateurs se sont rués dans la course à la 5G depuis son coup d’envoi en 2020 avec de nouvelles antennes activées tous les mois dans les grandes agglomérations, la 5G n’est qu’à son balbutiement.
Principalement car la bande des 26 GHz synonyme de très haute fréquence, celle qui est10 fois plus rapide que la 4G, au cœur de la révolution technologique, n’est pas encore déployée. L’Acerp ne lancera l’appel d’offres qu’en 2025. Aussi, en attendant, les opérateurs développent pour les uns la bande des 3,5 GHz qui délivre de très bons débits mais limitée en portée, d’autres sont présents sur la bande des 700 MHz qui a une très bonne couverture mais des débits limités (moins élevé que la 4G !) et certains sont présents sur la bande de 2,1 GHz, un bon compromis. Notons que la 26 GHz demande de nombreux et lourds investissements en termes d’antennes. Effectivement, en raison de sa mauvaise portée et d’une mauvaise pénétration à l'intérieur des bâtiments, la bande des26 GHz nécessite, dans les zones denses, en plus des antennes macro, d’installer des antennes miniatures - Small Cells-. C’est la raison pour laquelle, l’Acerp estime que le développement du réseau 5G durera encore plusieurs années, au moins jusqu’en 2030.
Aussi, à ce jour, il y a peu d’intérêt de s’abonner aux forfaits 5G actuels des opérateurs. Les experts la qualifient d’ailleurs de ‘’4G améliorée’’.
Si la 5G est au cœur de la performance économique, les entreprises doivent avoir conscience que le numérique a de nombreux impacts délétères sur l’environnement. En premier lieu parce qu’elle nécessite de disposer d’équipements dédiés au-delà même des installations des nouvelles infrastructures. Par conséquent, il est certain qu’un grand nombre de smartphones, pour ne parler que d’eux, seront tout simplement mis au rebus et que de nouveaux seront fabriqués à marche forcée avec tout ce que cela implique en termes d’extraction de minerais nécessitant notamment beaucoup d’énergie, d'eau...
Par ailleurs, si à volume de données égal, la 5G exige moins d’énergie que la 4G, cette efficacité est mise à mal. En effet, il est fort probable que la 5G encouragera à consommer davantage de data. Selon l'équipementier Ericsson, un utilisateur sur cinq pourrait consommer jusqu'à 200 Go par mois d'ici 2025. Or, c’est bien la data qui est forte consommatrice d’électricité. Selon l’ADEME, le numérique nécessite aujourd’hui enFrance, l'équivalent de six fois la consommation électrique d'une ville comme Paris ! Qu’en sera-t-il demain avec la 5G ? En ces temps de flambée des prix de cette énergie, il est judicieux de s’interroger sur les usages de chacun et les réels besoins de l’entreprise.