Entre envolée des tarifs des assurances et réductions des risques couverts, l’inquiétude fait rage dans le rang des entreprises. Pourtant, elles ne sont pas si démunies que cela ; des leviers existent pour limiter les effets de ce contexte inflationniste.
Les tarifs du marché européen de la réassurance – qui pourrait se définir simplement comme « l’assurance des assureurs », ont cru en 2021 pour la troisième année consécutive et les perspectives pour 2022 ne sont guère plus réjouissantes. En effet, après 2021, deuxième année la plus coûteuse jamais enregistrée pour les réassureurs derrière l’année record de 2017, ces acteurs affirment vouloir encore augmenter leurs tarifs. Les raisons invoquées s’appuient sur l’accroissement du nombre de sinistres dus aux catastrophes naturelles et de leur intensité. Selon Munich Ré –réassureur mondial-, les indemnités ont atteint 120 milliards de dollars en 2021. Par effet domino, les assureurs ont naturellement répercuté ces hausses sur leurs tarifs.
Ainsi, les entreprises de tous secteurs, de la TPE aux grandes entreprises, ont vu le renouvellement annuel de leurs programmes d’assurance dommages subir un accroissement des tarifs à deux chiffres. Hausse à laquelle il faut associer celle de 5,6% de l’indice RI des risques industriels. C’est ainsi une augmentation moyenne des primes de l’ordre de 15 à 20% que subissent les entreprises. Et les effets sont encore plus impactants pour celles dont les risques sont jugés par les assureurs comme aggravés ou sinistrés. Les entreprises connaissent alors des majorations iniques de tarifs allant jusqu’à 50 voire 100%, en étant de plus frappées par une diminution des plafonds de garanties et par un relèvement des franchises.
Si des prix qui flambent suffisent à déclencher la grogne, d’autres impairs expliquent l’inquiétude des entreprises.
Le premier démontre le peu de respect de certains opérateurs à l’égard de leurs clients. En effet, assureurs comme courtiers ont peu communiqué sur les hausses de tarifs et leurs raisons. Et s’ils l’ont fait, leur message est jugé par les entreprises comme inaudible car injuste. Depuis des années, les acteurs du secteur de l’assurance expliquent à leurs clients que les tarifs sont basés sur le mix sinistralité et efforts en matière de prévention. Et en ces termes, les entreprises n’ont pas démérité.
S’ajoutent d’autres sources de désamour. Les entreprises reprochent la poursuite de la dynamique haussière alors qu’en raison de la Covid-19, beaucoup étaient à l’arrêt ou tournaient au ralenti. Elles dénoncent également les refus d’indemnisations pour pertes d’exploitation suite à fermeture administrative ou impossibilité d’accès alors que la garantie leur paraissait acquise. Et, depuis cette crise, toujours dans l’objectif de préserver leur rentabilité, les assureurs à l’instar des réassureurs ne couvrent plus certains risques notamment dans les zones les plus sujettes à des tremblements de terre, des inondations... Par ailleurs, les risques liés aux maladies contagieuses ont été exclus. Les entreprises déplorent également le retrait des assureurs en termes de cyber-risques comme en témoignent les couvertures quasi nulles en cas de demande de rançon, les franchises doublées et l’exigence d’audits approfondis pour faire la preuve d’actions de prévention dont d’aucuns savent qu’elles ne sont souvent qu’une réponse vite dépassée.
Dans un tel contexte, il est impératif de s’engager dans une méticuleuse et délicate démarche préparatoire à une renégociation des contrats lors du renouvellement des polices. Celle-ci a pour objectif de doter l’entreprise de divers atouts afin de maintenir ses garanties et d’obtenir des conditions acceptables de financement des risques.
En cela, l’audit de son budget assurances est un passage obligé. Il permet d’avoir une connaissance fine de la sinistralité passée, des risques que l’entreprise doit couvrir pour être en conformité avec la réglementation et en adéquation avec son évolution à court et moyen terme, des actions de prévention effectuées ou engagées et de redéfinir les besoins en matière de couverture, et en fonction de sa capacité d’autofinancement. De plus, l’entreprise devra effectuer une analyse scrupuleuse des contrats au regard des risques existants. Cette étape est l’occasion d’identifier les garanties absentes ou insuffisantes tant en termes de montants que de durée des différentes polices y compris celles concernant les garanties vitales pour l’entreprise comme l’incendie, la perte d'exploitation, la RC... Il est fréquent que des polices sous-évaluent l’impact de certaines catastrophes et qu’elles ne sont pas suffisamment protectrices pour permettre à l’entreprise de survivre à leurs conséquences.
Cette démarche a aussi pour vertu de bâtir des relations de confiance avec les assureurs. Effectivement, les résultats de l’audit permettent à l’entreprise de se présenter de manière exhaustive et valorisante auprès d’assureurs très demandeurs d’être rassurés sur la qualité des risques souscrits
Un dossier bien présenté à plusieurs courtiers et assureurs peut faire toute la différence, et convaincre le marché de souscrire les risques de l’entreprise à un prix « raisonnable ». C’est un travail qu’il faut engager plusieurs mois avant l’échéance des polices, pour permettre de renégocier, si besoin, les conditions d’assurance sur le marché.