La deuxième vague d'allègements sur les contributions patronales sur les bas salaires applicable depuis le 1er octobre 2019 est une bonne raison pour renégocier les tarifs avec les entreprises de travail temporaire en 2020.
Pour compenser la suppression du CICE, le gouvernement a commencé par alléger les cotisations patronales de sécurité sociale. En janvier 2019, la réduction s'est élargie aux cotisations de retraite complémentaire. Puis, le 1er octobre, les allègements se sont étendus à la contribution patronale d'assurance chômage. Ils se formalisent en un abaissement de 4,05 points supplémentaires pour les salaires compris entre 1 et 1,6 Smic.
Si ce dernier dispositif ne concerne que les bas salaires - soit les salariés touchant le SMIC-, la mesure n'en demeure pas moins significative pour les entreprises, notamment celles qui ont recours au travail intérimaire. En effet, il est à noter que 85 % des emplois intérimaires concernent ce segment.Un dispositif à redécouvrirEt pourtant, peu d'entreprises utilisatrices ont demandé aux entreprises de travail temporaire (ETT) avec lesquelles elles travaillent la répercussion de ce dispositif. Plusieurs raisons expliquent ce manque d'intérêt.La première tient en la faible communication de la part du gouvernement. La mesure promulguée en août dernier est passée inaperçue. A cela, d'autres freins sont imputables aux entreprises. Une grande majorité d'entre elles estime, en effet, que le dispositif ne concerne qu'un faible échantillon de travailleurs employés à titre intérimaire et que les montants sont peu élevés.Par ailleurs, le manque de fluidité dans la circulation de l'information joue un rôle non négligeable. Si les comptables et les services paye - souvent externalisés- sont informés des nouveaux taux à appliquer concernant les payes des collaborateurs internes, il n'est pas certain que les acheteurs de services intérimaires bénéficient de ces données.Lire aussi : Contrats courts : quel arbitrage pour quel besoin ?Sans compter que le calcul même des tarifs des agences intérimaires, aussi technique qu'opaque, ne facilite pas la démarche. Pour schématiser, le tarif d'une agence est lié à un coefficient multiplicateur appliqué au salaire horaire de l'intérimaire ; la marge brute servant à couvrir les indemnités de fin de mission, les congés payés, la visite médicale, le coût du recrutement... et les charges sociales. Ainsi, la marge commerciale d'une ETT repose essentiellement sur les allègements de charges patronales.Si, nombreuses sont les ETT qui répercutent entre 50 et 100 % de cet avantage fiscal sur leurs prix, les entreprises utilisatrices sont invitées à vérifier qu'elles bénéficient effectivement de la baisse de 4,05 % sur les salaires. Au-delà, elles peuvent profiter de cette opportunité pour effectuer un audit détaillé de leur budget Interim avant de le proposer au marché.Bertrand Sanséau, directeur associé d' Euklead et expert Intérim. Il participe à la création d' Euklead où il occupe le poste d'Expert Travail Temporaire/Optimisation RH. Il y est également en charge du Business Developpement et du management de projets.