Le secteur du transport, comme tant d’autres, vit des bouleversements majeurs depuis la crise sanitaire de la Covid-19, entre arrêts totaux et brutaux de toute activité humaine et reprise spectaculaire de l’économie mondiale synonyme de tensions majeures que ce soit en termes de volumes livrés ou de tarifs.
Pour autant, des acteurs ont su tirer profit de ce marché en plein chaos, passé en quelques mois d’une offre pléthorique à une offre pénurique s’étant traduite par une flambée inédite des prix.
Si le transport aérien a connu une hausse de prix spectaculaire dès 2020, les avions sont longtemps restés cloués au sol.
Il s’affiche aujourd’hui plus que jamais comme un luxe dédié aux livraisons urgentes en raison d’un rapport défavorable entre prix toujours élevés et faibles volumes transportés – 20 à 42 containers dans la soute d’un gros avion-cargo.
En revanche, le maritime est passé de parent pauvre à grand gagnant de la crise. Avec des volumes transportés considérables, de l’ordre de 8000 à 20 000 containers par bateau, et des prix multipliés par 5 voire par 10, certaines compagnies se sont constitué un trésor inestimable qui leur a permis de se refaire une insolente santé.
En effet, en profitant d’une demande exponentielle de clients prêts à mettre le prix pour s’assurer du transport de leurs marchandises, quelques compagnies maritimes ont fait de la crise une opportunité pour accroître leur périmètre d’activité par de conséquents rachats.
L’exemple le plus caractéristique est celui du groupe français CMA CGM qui a atteint le top 3 des compagnies maritimes mondiales après les acquisitions de CEVA Logistics (logisticien et commissionnaire de transports) et de GEFCO (5ème réseau de transport routier en Europe et commissionnaire, 5ème réseau de distribution de colis vers le particulier, propriétaire de concessions portuaires).
On note que pour devenir un leader du transport multimodal, CMA CGM crée sa propre compagnie aérienne, prend jusqu’à 9% du capital d’Air France et a passé un accord avec le groupe La Poste (DPD/colissimo) pour mieux assurer les derniers kilomètres de livraison.
Ainsi, le groupe a acquis la capacité d’assurer la livraison de tout colis envoyé depuis un port ou un aéroport à l’étranger jusqu’à tout consommateur final.
Maersk (2ème compagnie maritime mondiale) a aussi fait son marché à travers le globe : aux Etats-Unis, le groupe acquiert Pilot Freigh service, en Asie il capte LF Logistique et en e-commerce il achète B2C EU et Visible SCM. Quant au leader, MSC, ce dernier a repris l’activité Bolloré Africa Logistics.
Des rumeurs de fusions-acquisitions vont bon train également dans le ferroviaire européen.
Certaines concernent la probable vente de DB Schenker (1er réseau de transport routier en Europe) par Deutch Bahn -société des chemins de fer allemands- qui souhaite se recentrer sur son réseau de chemin de fer et se doter de moyens supplémentaires pour répondre à la demande croissante en termes de transports ferroviaires.
Des groupes comme DSV (3ème réseau de transport routier en Europe) ou encore DHL Express (filiale de la poste allemande) se seraient positionnés pour cela.
Ainsi DHL, spécialiste mondial du colis express suit ses plus proches concurrents américains (UPS, FedEX) qui ont eux aussi profité du chaos pour se substituer aux compagnies aériennes et engranger des rentabilités records.
En France, à plus petite échelle, le jeu est le même dans le routier. Des groupes de transport nationaux (Dimotrans, Coquelle, Malherbe, Mousset-Jetransport...) se renforcent par des acquisitions de PME locales pour aussi bien asseoir leur diversification métiers qu’augmenter les effets d’échelle dont l’objectif est la maîtrise des coûts.
Et, le mercato n’est sans doute pas fini !