La digitalisation de l’économie se mène à vive allure et le transport routier de marchandises n’y échappe pas. Le secteur voit arriver de nouveaux entrants du numérique qui bousculent le secteur. Nicolas Lemeunier, Directeur Associé d’Euklead, cabinet de conseil en optimisation des coûts, donne son point de vue.La digitalisation de l’économie se mène à vive allure et aucun secteur n’y échappe, pas même celui du transport routier de marchandises. Longtemps l’affaire de relations directes entre les entreprises donneurs d’ordres et les affréteurs qui jouent le rôle d’intermédiaire avec les transporteurs, le secteur voit arriver de nouveaux entrants qui changent la donne. Ces derniers sont des entreprises type start-up comme Convargo, Fretlink, Chronotruk, Transwide qui ont été créées par des profils issus du digital avec des financements d’entrepreneurs du web tels Xavier Niel, Pierre Kosciusko-Morizet, ou Jacques-Antoine Granjon.
Leur vocation : mettre les expéditeurs directement en relation avec les transporteurs. Ce faisant, plus que de s’emparer du rôle d’interface des affréteurs, elles suppriment purement et simplement ce maillon de la chaîne.
N’ayant pas pris la mesure du digital, ces acteurs historiques ont laissé une place béante que les jeunes start-up, plus agiles, se sont empressées d’occuper. Pour autant il ne s’agit pas d’une réelle révolution car ces places de marchés se sont largement inspirées des bourses de frets qui sont apparues sur Minitel dans les années 1990. Les gros chargeurs et les affréteurs sont aujourd’hui les principaux clients de ces bourses de fret mais ces derniers n’ont pas réussi à séduire le grand marché des PME (expéditeurs).Sans complexe, ces nouveaux sites web appréhendent le métier différemment estimant qu’il n’est pas nécessaire d’avoir une vision complexe d’un métier qui se résume souvent à apporter un colis d’un point A à un point B grâce à un camion et un chauffeur. Pour ces sites, les points clés sont la facilité d’utilisation et les tarifs. Aussi, une de leurs forces tient en leurs compétences pointues en termes de conception d’algorithmes puissants qui prennent en compte tous les critères de distance, situation géographique, zone de rechargement, poids… Notons cependant que la solution satisfait les besoins en transports ponctuels des entreprises. Dans le cadre de trafics réguliers voire de transports spécifiques (produits dangereux ou frigorifiques), les expéditeurs préfèrent encore faire appel directement aux prestataires.
Facile comme un click, le transport se commande à la demande sur leur site internet et applications mobiles qui fonctionnent comme le célèbre Uber qui a fait sa place dans le transport de personnes. Il suffit d’indiquer les caractéristiques du colis, le lieu d’expédition et l’adresse de livraison et en quelques secondes la plateforme délivre un tarif. Charge aux transporteurs inscrits dans leur base de répondre directement à l’expéditeur. Le paiement du transporteur se fait également en ligne. Quant aux plateformes, elles se rémunèrent grâce à une commission prélevée sur le service rendu aux expéditeurs (accès aux transporteurs, suivi des livraisons, gestion administrative en ligne…).Les prix sont cohérents avec le marché. Une nécessité notamment pour attirer les prestataires qui voient leur rentabilité croître. En effet, grâce à ces plateformes ils peuvent optimiser leurs trajets en diminuant les kilomètres à vide. C’est également une opportunité de plus pour les nombreux petits transporteurs qui n’ont pas la force commerciale des grands et qui souhaitent être opportunistes et moins dépendre d’affréteurs dont ils sont sous-traitants.